Nouvelle publication équipe AIME : une bactérie se nourrissant de metformine, antidiabétique et contaminant aquatique majeur

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A Methylotrophic Bacterium Growing with the Antidiabetic Drug, Metformin as Its Sole Carbon, Nitrogen and Energy Source. Chaignaud, Gruffaz, et al. Microorganisms 2022, 10, 2302. doi.org/10.3390/microorganisms10112302

 

La metformine est un médicament de première intention contre le diabète de type II et l'un des agents antidiabétiques les plus prescrits dans le monde (150 millions de personnes). Il est également envisagé pour d'autres applications thérapeutiques, y compris le cancer et les troubles endocriniens. La metformine reste largement non métabolisée par les enzymes humaines. À des doses quotidiennes de 0,5 à 2,5 g par patient, il est devenu un micropolluant dominant dans les stations d'épuration des eaux usées et les milieux aquatiques. Ses effets toxiques sont encore débattus, avec des effets néfastes signalés chez les organismes aquatiques et potentiellement aussi chez l'homme.
 Les micro-organismes sont ici en première ligne, avec leur capacité à développer la capacité de transformer enzymatiquement les contaminants chimiques, et de tolérer leurs effets toxiques. Le métabolisme microbien des composés à un atome de carbone ou dépourvus de liaisons carbone-carbone est à même de jouer un rôle-clé dans la dégradation de nombreux produits pharmaceutiques tels que la metformine, dont les atomes de carbone sont exclusivement liés à des atomes d'autres éléments.
 À notre connaissance, aucun micro-organisme capable d'utiliser la metformine comme source de carbone et d'azote pour la croissance n'avait encore été signalé. Nous décrivons ici la souche Aminobacter niigataensis MD1, une bactérie méthylotrophe aérobie capable d'utiliser la metformine comme seule source de carbone, d'azote et d'énergie pour sa croissance et isolée à partir de boues activées de la station d'épuration de la Ville de Strasbourg. Le génome de la souche MD1 a été séquencé, son métabolisme de la metformine a été étudié en détail par transcriptomique et protéomique, et les gènes impliqués dans la croissance avec la metformine ont été identifiés. Les résultats obtenus suggèrent une évolution récente de la capacité de la souche MD1 à dégrader la metformine pour sa croissance.